« Ma petite affaire est très bernoise » - se détendre dans l’atelier de parfum HeyKLARA
À peine met-on un pied dans l’atelier de parfum « HeyKLARA », situé dans la partie basse de la vieille ville de Berne, que l’on est accueilli par un flot d’arômes variés. Depuis l’automne dernier, Nicole Walker tient cette charmante boutique au 49 de la Rathausgasse. En montant sa propre petite affaire, cette spécialiste de la communication a réalisé un rêve de longue date. Après avoir suivi des formations continues à Grasse et à Paris et avoir entraîné son odorat de manière intensive, elle conseille désormais aussi bien les habitants que les visiteurs de la ville.
10 questions et 10 réponses
1. Quel est l’odeur de la ville de Berne ?
Berne a une odeur vivante et aromatique. C’est ce qui me vient surtout quand je pense aux ruelles de la vieille ville. Souvent, c’est cette odeur terreuse et minerale des murs en grès qui me monte au nez - quelque chose de rassurant, presque intemporel.
Puis il y a l’aspect floral - délicat et accueillant. Inspiré des roses du Jardin des roses. Ces parfums me rappellent d’anciennes scènes romaines - l’accueil des hôtes avec un bain de pieds à la rose en signe d’hospitalité. Au jardin des roses, on sent ce parfum de fleur tout en regardant l’aspect historique, les vieux toits de Berne. Dans ces moments-là, je profite de la ville avec tous mes sens.
Et n’oublions pas la fraîcheur verte - cette sensation aquatique que dégage la nature au cœur de la ville. L’Aar apporte cette touche claire et vivante qui rend Berne si unique.
2. Pourquoi vous passionnez-vous pour le parfum ?
Le parfum me fascine à plusieurs égards. C’est sensuel, émotionnel - un parfum peut éveiller des souvenirs, créer une ambiance, une atmosphère. Les odeurs nous accompagnent tout au long de notre vie, souvent à notre insu bien qu’elles soient profondément liées à notre vécu.
Et puis, sentir une odeur a un effet apaisant. Dans un monde envahi de stimuli où tout va vite, ça oblige au calme. On ne peut pas sentir « en passant » - il faut de l’attention, de la présence. Sentir exige que l’on soit pleinement présent. On s’arrête, on ne parle pas, on perçoit simplement. À cela s’ajoute le processus fascinant qui consiste à affiner son odorat - à entraîner son nez à reconnaître les différences et à flairer les nouveautés de manière ciblée.
Nicole Walker a repris l'atelier de Brigitte Witschi (Art of Scent). La parfumeuse bernoise est notamment connue pour son parfum «Aarewasser», qu'elle a créé en hommage à Berne. Après plus de dix ans passés dans la Rathausgasse, la parfumeuse a dû se résoudre à prendre sa retraite et chercher quelqu'un pour reprendre son atelier. Elle a trouvé en Nicole Walker une personne qui partage sa fascination pour les parfums et qui perpétuera ce qu'elle a créé avec amour.
3. En quoi votre activité est-elle adaptée à la ville de Berne ?
Ma petite affaire est très « bernoise » - fortement marquée par la détente, la perception consciente et la pause. C’est exactement ce qu’offre la ville : elle n’est pas bruyante, elle séduit par son calme, sa beauté et son caractère.
Beaucoup de participants à mes ateliers viennent de villes comme Zurich, Winterthour ou Lucerne - et souvent, l’expérience commence sur le chemin pour venir chez moi. Traverser la vieille ville, sur les pavés, marcher le long des façades en grès, descendre, arriver. Berne vous sort automatiquement de l’agitation. À Berne, il est facile de ralentir le rythme.
4. D’où vient le nom de votre atelier « HeyKLARA » - vous vous appelez bien Nicole ?
J’ai donné à mon atelier le nom de ma grand-mère - elle s’appelait Klara.
Les souvenirs olfactifs sont pour moi un sujet passionnant, et il arrive souvent que mes ateliers donnent lieu à de véritables conversations très conviviales à ce sujet. De nombreuses personnes parlent des parfums de leur enfance dont elles se souviennent. Et quand quelqu’un pense qu’il n’a rien à dire là-dessus, j’aime lui demander : qu’est-ce que ça sentait chez ta grand-mère ? Et c’est là que les souvenirs reviennent pour la plupart. Moi aussi, je me souviens des odeurs de la maison de mes grands-parents. En outre, ma grand-mère m’a beaucoup transmis par sa manière d’être. Elle était têtue, aimait entreprendre - tout comme moi. « Klara » seule était cependant trop « brutal » pour moi. J’ai donc cherché quelque chose qui irait bien pour le compléter. C’est la chanson « Hey Fredy » de Stop The Shoppers qui m’a donné l’idée du « Hey ».
5. Vous avez toujours rêvé d’avoir votre propre boutique ?
Je me suis déjà mise à mon compte auparavant - avec une agence de communication. C’est certainement ce qui m’a aidée à trouver le courage d’oser à nouveau. Je connaissais la procédure, je savais dans quoi je m’engageais. En outre, j’ai passé ma patente d’aubergiste il y a longtemps. Tenir mon propre restaurant a longtemps été un rêve pour moi. Être restauratrice - cela m’a toujours fascinée. Choyer les gens, faire de belles rencontres, entrer en contact avec des personnalités très différentes - cela signifie beaucoup pour moi.
Bien sûr, l’hôtellerie-restauration classique est un secteur difficile. Mais avec l’atelier, j’ai le sentiment aujourd’hui d’avoir trouvé une vraie bonne combinaison. C’est une autre forme d’hospitalité - plus calme peut-être, mais tout aussi chaleureuse.
6. Comment avez-vous été accueillie dans la partie basse de la vieille ville ?
Je fais désormais partie de la Rathausgasse. On a l’impression de vivre dans un quartier. Quand on emménage dans un nouveau chez soi, on sait ce que c’est : on apprend à connaître ses voisins, on engage la conversation. Je ne pensais pas que cela se passerait de la même manière avec un magasin. Les gens viennent bavarder, me font signe d’entrer ou s’intéressent simplement à ce que je fais. L’échange avec les commerces environnants est aussi agréable et simple.
7. Qu’a-t-elle de spécial, votre petite affaire ?
La vente de parfums en vrac est une offre unique. Les clients peuvent sentir différents parfums dans des flacons en verre identiques et se laisser guider par leur odorat plutôt que par les marques et les emballages. Ils peuvent ensuite faire remplir leur parfum préféré sur place. Il y a aussi les ateliers, qui sont également rares. Ils permettent souvent de vivre des moments parfumés particuliers et d'avoir des conversations personnelles sur les souvenirs et la perception.
Et autre petit effet amusant : ma propriétaire, qui habite au-dessus de l’atelier, sait immédiatement quand je fais un atelier - les odeurs montent et remplissent aussi ses pièces de nouvelles créations
8. Votre commerce, c’est la vente directe, mais aussi et surtout les ateliers. À quoi ressemblent-ils ?
L’intérêt est de créer un parfum unique au monde - un parfum très personnel. En même temps, l’expérience commune est au premier plan. Ce sont souvent des couples, une mère et sa fille ou son fils, des sœurs ou des amis. Au terme de l’atelier, ils sont tous fiers de ce qu’ils ont créé. Leurs yeux brillent lorsqu’ils tiennent leur parfum dans les mains à la fin, et cela me rend également heureuse.
Je fais volontairement de petits groupes - quatre personnes au maximum par atelier. La plupart viennent seuls ou à deux, en toute tranquillité. Je trouve également intéressant que de plus en plus de jeunes hommes s’y intéressent.
9. Y a-t-il eu un moment avec des clients qui vous a particulièrement touché ?
Ce dont je me souviens le plus, c’est la fois où un couple a participé à l’un de mes ateliers et que tous deux ont montré un vif intérêt pour l’univers des parfums. Après l’atelier, lors du petit apéritif de clôture, ils ont présenté leur création à l’un l’autre.
La femme a senti sa bande parfumée et a commencé à faire des parallèles avec elle-même. Elle a dit à son partenaire : « Ce parfum est comme moi : il a de nombreuses facettes. Je sens la vivacité et la fraîcheur de celle tu as connue. Mais aussi de la profondeur - qui se manifeste lorsque je m’ouvre. » C’était comme si elle s’était mise elle-même dans cette petite fiole et elle était énormément heureuse. C’était un moment incroyablement émouvant. J’en ai eu la chair de poule - cela m’a profondément touchée.
10. Qu’est-ce que vous aimeriez pour votre entreprise à l’avenir ?
J’aimerais surtout qu’il y ait un peu plus de fréquentation - on ne peut certes pas faire venir des clients de passage, mais j’espère que davantage de personnes trouveront le chemin de mon atelier. Mon souhait est qu’ils viennent délibérément chez moi chercher un peu de détente. S’évader du quotidien, s’immerger dans le monde des senteurs.
Avec le printemps, je sens un regain d’intérêt. Les gens ont davantage envie de sentir, d’avoir des parfums frais et légers. Le changement de saison se fait clairement sentir : en hiver, il y avait surtout de la demande pour des notes chaudes et enveloppantes comme le bois de santal, quelque chose qui réchauffe intérieurement. Maintenant, places aux notes d’agrumes, aux accords floraux, à une fraîcheur fruitée - des senteurs qui sont pleines de couleurs et de vie.
Mais ce que j’aime le plus, ce sont les belles rencontres avec les clients.
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